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Municipales: Le Rassemblement national espère une prise de guerre à Perpignan

Place Catalogne à Perpignan, la grosse coquille presque vide de l’ancien magasin historique Aux Dames de France accueille le voyageur arrivé par le train. Au pied du bâtiment haussmanien endormi, deux jeunes gens font la manche et une glaneuse fouille une poubelle.

A l’orée du centre-ville, de l’autre côté de la rivière Basse, des affiches annoncent la couleur pour les élections municipales de dimanche : le sourire de Louis Aliot, candidat soutenu par le Rassemblement national, côtoie celui du maire Les Républicains sortant, Jean-Marc Pujol.

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L’enjeu est majeur pour le parti de Marine Le Pen, qui fut la compagne de Louis Aliot pendant dix ans : une ville de 122.000 habitants serait une prise de choix pour l’adversaire d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle de 2017.

« C’est l’avenir de Perpignan qui se joue. On a une mairie, un système en place depuis 30 ans et c’est l’occasion ou jamais de partir sur autre chose », déclare à Reuters le député-candidat Louis Aliot devant une carte de la ville épinglée dans son local de campagne.

« Le grand thème qui s’est imposé c’est la sécurité », ajoute celui qui promet notamment un service de nuit de la police municipale, forte de 160 agents, et des caméras de surveillance en plus des 260 déjà en place.

Sur son affiche, celui qui en est à son troisième essai municipal n’a pas mis le logo du RN car un tiers de sa liste vient d’ailleurs, mais des drapeaux français et catalan autour du Castillet, monument emblématique de la cité.

Nichée entre Méditerranée et Pyrénées à un quart d’heure de voiture de l’Espagne, Perpignan est une cité de contrastes où se croisent pieds-noirs, maghrébins, gitans et immigrés portugais, où un nombre conséquent d’habitants imposés sur la fortune côtoie des moins chanceux : le taux de pauvreté est de 32%, celui du chômage atteint 14%, six points au-dessus de la moyenne nationale.

Place Catalogne à Perpignan, la grosse coquille presque vide de l’ancien magasin historique Aux Dames de France accueille le voyageur arrivé par le train. A l’orée du centre-ville, de l’autre côté de la rivière Basse, des affiches annoncent la couleur pour les élections municipales de dimanche : le sourire de Louis Aliot, candidat soutenu par le Rassemblement national, côtoie celui du maire Les Républicains sortant, Jean-Marc Pujol. /Photo prise le 10 mars 2020/REUTERS/Alexandre Minguez

Au marché de Cassanyes, qui jouxte le quartier miséreux de Saint-Jacques essentiellement habité par des gitans sédentarisés parfois en conflit avec la communauté arabe du quartier Saint-Matthieu voisin, les Perpignanais détaillent les enjeux d’un scrutin qu’ils veulent centré sur leur quotidien.

« ÇA MANQUE DE TRAVAIL »

« De la sécurité, de la propreté et des commerces en ville accueillants », résume Charles au milieu des étals où des femmes puisent dans des bacs de vêtements d’occasion à 0,50 et un euro.

« Je suis très centre-ville, j’y fais mes courses et il est dommage de voir certaines rues commerçantes un peu vides. Il faudrait moins de grandes surfaces à l’extérieur, des parkings gratuits pour attirer le monde », déclare Serge, retraité.

« Le problème, c’est l’économie, pas la sécurité », explique Lionel. « Ça manque de travail et donc la plupart des problèmes en ville sont liés au manque de débouchés et d’industries ».

« Aliot n’a pas de programme, ne propose rien, tout est démagogique. Ce n’est pas du tout ma tasse de thé, je ne voterai jamais pour lui mais je ne vois pas comment il pourrait faire pire que Pujol », ajoute cet organisateur d’évènements culturels.

Crédité de quelque 20% dans les sondages, Jean-Marc Pujol, 70 ans, est attaqué sur son bilan et souffre du fractionnement de son camp dans une ville qui a toujours voté conservateur.

Ses détracteurs veulent mettre fin à l’ère « Alduy-Pujol », deux familles qui dirigent la mairie depuis 1959.

« La crainte de l’immigration, l’impression de déclassement et l’inquiétude liée à l’avenir sont les trois thèmes importants », dit Jean-Marc Pujol de sa ville où s’est fortement exprimé le mouvement des ‘Gilets jaunes’ l’an dernier.

« FRONT DE COQUINS »

Parmi les autres candidats figure le député La République en marche Romain Grau, camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’Ecole nationale d’administration.

« Faire gagner Perpignan ce n’est pas faire élire M. Aliot qui nous isolerait, nous ostraciserait. Ce n’est pas non plus reconduire le maire sortant qui a démontré qu’il n’était pas à la hauteur, ce serait le mandat de trop pour lui », dit cet avocat, « ami personnel » du chef de l’Etat, que les sondages donnent à moins de 15%, dépassé par la candidate écologiste Agnès Langevine.

En 2014, un « front républicain », que Louis Aliot qualifie de « front de coquins », avait empêché le responsable du Front national d’alors d’accéder à la mairie. Le mur ne sera peut-être pas aussi solide cette année même si « personne ne voudra prendre la responsabilité de faire gagner Aliot », glisse un responsable socialiste local sous couvert d’anonymat.

Pour Louis Aliot, les communes voisines de Beaucaire et Béziers, dirigées par le RN, ont démontré les qualités de gestionnaire du parti d’extrême droite, actuellement à la tête de 11 mairies dans le Sud-Est paupérisé et le Nord désindustrialisé.

« Ce sont des exemples qui parlent aux Perpignanais », dit-il. « Il faut prouver aux populations locales que nous sommes en capacité de diriger les affaires d’une collectivité et pourquoi pas, demain, d’un pays. Il faut rester modestes et se concentrer sur les enjeux les uns après les autres », dit-il.

Chrétiens TV

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