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Kazakhstan: Le président autorise les tirs sans sommation pour contenir les manifestations

Le président du Kazakhstan a annoncé vendredi avoir autorisé les forces de l’ordre à ouvrir le feu sans sommation pour mettre fin aux désordres générés par les « terroristes », au lendemain de l’arrivée de troupes russes qu’il avait sollicitées pour participer à la répression de manifestations.

Après plusieurs jours de manifestations, au cours desquels des dizaines d’émeutiers ont été tués tandis que plusieurs bâtiments publics ont été incendiés et pillés, les forces de sécurité semblaient avoir repris vendredi matin le contrôle des rues d’Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan.

Des coups de feu ont cependant retenti dans la matinée près de la place centrale de la ville, où les journalistes de Reuters ont pu voir des blindés et des militaires en armes.

Le président Kassim-Jomart Tokaïev, après avoir annoncé dans un communiqué diffusé par ses services que le calme avait quasiment été rétabli dans le pays, a précisé lors d’une allocution télévisée que la répression de ceux qu’il qualifie de « terroristes » formés à l’étranger se poursuivra « jusqu’au bout ».

« L’ordre constitutionnel a été en grande partie rétabli dans l’ensemble des régions du pays (…) Les autorités locales contrôlent la situation », a-t-il annoncé dans ce communiqué, en ajoutant que « les actions antiterroristes se poursuivraient jusqu’à ce que les activistes soient complètement éliminés ».

Il a ensuite précisé lors de son allocution télévisée avoir « donné l’ordre aux forces aux autorités sécuritaires et à l’armée de tirer sans sommation. »

« Les activistes n’ont pas déposé les armes, ils continuent de commettre des crimes ou d’en préparer. Le combat contre eux doit se poursuivre jusqu’au bout et ceux qui ne se rendront pas seront anéantis », a-t-il déclaré.

SOUTIEN RUSSE

Les manifestations avaient commencé dans l’ouest du pays sur fond d’inflation et de hausse des prix de l’énergie, avant de prendre de l’ampleur mercredi, incitant le président kazakh à réclamer l’aide de la Russie pour réprimer ce qu’il décrit comme une révolte fomentée par des activistes formés à l’étranger.

Cette contestation est sans précédent dans l’histoire du Kazakhstan, ex-république soviétique indépendante depuis 1991 et dirigée d’une main de fer jusqu’en 2019 par Noursoultan Nazarbaïev, 81 ans et toujours très influent même s’il a cédé la présidence il y a trois ans.

D’après le ministère de l’Intérieur, depuis le début des manifestations, 26 « criminels armés » ont été « liquidés », plus de 3.000 autres personnes ont été arrêtées et 18 membres des forces de l’ordre ont été tués, mais ce bilan semble ne pas avoir été actualisé depuis jeudi.

De son côté, la télévision publique a fait état de 3.700 arrestations. Internet étant coupé depuis mercredi, il est difficile de déterminer précisément l’ampleur des violences dans ce pays de 19 millions d’habitants.

Dans son allocution de vendredi, Kassim-Jomart Tokaïev a également remercié son homologue russe Vladimir Poutine pour son soutien dans la répression de la contestation.

L’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) – qui lie Russie à plusieurs ex-Républiques soviétiques – a précisé qu’elle dépêcherait environ 2.500 hommes qui resteraient de quelques jours à quelques semaines au Kazakhstan.

La Russie « se tient aux côtés du Kazakhstan comme tout allié devrait le faire », a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexander Grushko.

Le ministère russe de la Défense, cité vendredi par l’agence Interfax, a annoncé qu’une rotation aérienne impliquant plus de 70 appareils avait été organisée pour dépêcher des troupes russes au Kazakhstan afin de participer à l’encadrement du principal aéroport d’Almaty, repris aux manifestants jeudi par les forces gouvernementales.

INQUIÉTUDES OCCIDENTALES

Le gouvernement kazakh a de son côté précisé que les renforts russes, qui continuent d’arriver, n’étaient engagés ni dans les combats, ni dans « l’élimination des activistes ».

Plus grand pays d’Asie centrale, le Kazakhstan, riche en ressources naturelles, notamment en pétrole et en uranium, bénéficiait jusqu’à présent d’une réputation de stabilité qui a favorisé d’importants investissements étrangers.

Les troubles dans le pays ont fait bondir les cours mondiaux du pétrole et de l’uranium.

Avec la coupure d’internet dans ce pays qui concentre également près de 20% des opérations mondiales de minage de bitcoin, la puissance informatique disponible pour valider et sécuriser les transactions en cryptomonnaies a également été significativement réduite.

Plusieurs pays occidentaux ont déjà fait part de leur préoccupation.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a réaffirmé vendredi sa « grande inquiétude » au sujet de la situation au Kazakhstan, en appelant « à la fin de la violence et à la retenue », à l’issue d’une conférence de presse à Paris, où elle se trouve cette fin de semaine pour l’inauguration de la présidence française du Conseil de l’Union européenne.

« Nous sommes à la fois préoccupés, extrêmement vigilants, nous avons appelé à la désescalade et nous sommes aussi prêts et mobilisés pour (…) être actifs » en cas de besoin, a renchéri le président français Emmanuel Macron, qui l’accueillait à l’Elysée pour cette conférence de presse.

A Washington, la porte-parole de la Maison blanche Jen Psaki a précisé que les Etats-Unis suivaient de près le déploiement de forces russes au Kazakhstan, en surveillant particulièrement les moindres violations des droits humains ou toute action « susceptible de jeter les bases d’une appropriation des institutions kazakhes ».

(Reportage Olzhas Auyezov, Tamara Vaal, Mariya Gordeyeva et Pavel Mikheyev, rédigé par Peter Graff et Polina Devitt ; version française Jean Terzian et Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)

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