Un réveillon culturel pour les détenus de la Maison d’Arrêt de Moundou
L’année 2020 s’achève plutôt en beauté à la Maison d’Arrêt de Moundou. Le 31 décembre 2020, les prisonniers de cet établissement pénitentiaire ont eu droit à un réveillon de type culturel, à la grande satisfaction d’une partie de l’opinion publique tchadienne.
A la veille du Nouvel An 2021, la Maison d’Arrêt de Madaga, à Moundou au sud du Tchad, s’est transformée en une cité culturelle le temps d’un réveillon. Une aire de spectacle est dégagée et les détenus, individuellement ou en petits groupes, se sont livrés à diverses activités sportives et culturelles. Théâtre, danse, course à sac, jeux-concours et autres activités ludiques ont rythmé une partie de la journée du 31 décembre dernier dans ces locaux habituellement austères.
Les gagnants aux différentes prestations ont reçu des prix à l’issue d’une séance égayante où, pendant quelques heures, les prisonniers se sont virtuellement extraits de leurs conditions de détenus pour goûter aux délices du réveillon. Cette opportunité leur a été offerte à l’initiative du Procureur de la République de Moundou, Brahim Ali Kolla.
Cette action est diversement appréciée par l’opinion publique nationale. Sur les réseaux sociaux, plusieurs voix ont salué l’initiative. « Félicitations, vraiment, cet événement est une expression de la démocratie. Mon Procureur, je n’ai rien à vous offrir, mais que Dieu, le Père Tout-Puissant, soit avec vous jusqu’au dernier jour », peut-on lire sur Facebook. Un autre internaute salue une « initiative hautement humaniste » et estime que « c’est un modèle à copier ».
Des voix discordantes sont aussi entendues. « Je n’apprécie pas cette initiative », a écrit un autre internaute. Il justifie sa position. « Parmi ces détenus, il y a ceux qui ont tué des innocents, ou qui ont volé des objets de très grande valeur, ôtant en conséquence la joie des gens pour toujours. C’est pourquoi, il fallait opérer une distinction entre les prisonniers pour ne pas que certains sous-estiment les actes graves qu’ils ont commis ».
Un observateur salue, pour sa part, l’activité réalisée au profit des détenus de la Maison d’Arrêt de Moundou, avec une suggestion à la clé. « Bravo aux organisateurs et particulièrement au Procureur de la République. Je lui suggère, par la même occasion, d’installer une bibliothèque à la Maison d’Arrêt ».
Pour mémoire, la ville de Moundou est située à environ 500 kilomètres au sud-ouest de N’Djaména, la capitale d’Etat du Tchad. Chef-lieu de la province du Logone Occidental, cette agglomération créée en 1923, compte aujourd’hui près de 200 000 habitants et elle est considérée comme la principale ville économique du pays.
Yamingué Bétinbaye
Docteur en géographie
