Le Représentant de l’OMS au Burundi déclaré « persona non grata »
Expulsés du Burundi, le Représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans ce pays d’Afrique de l’Est ainsi que trois autres experts doivent quitter le territoire avant le 15 mai 2020. Depuis quelques semaines, le pays était en désaccord ouvert avec l’OMS sur sa gestion de la Covid-19.
Le 12 mai dernier, c’est par la voie d’une note verbale que le ministère des Affaires Etrangères du Burundi a saisi le Bureau de la Représentation de l’OMS pour l’Afrique basée à Brazzaville au Congo pour lui annoncer la nouvelle. « Les personnes dont les noms repris ci-après sont déclarées persona non grata, et par conséquent elles doivent quitter le territoire du Burundi avant le 15 mai 2020. Il s’agit de : Dr Walter Kazadi Mulombo, représentant de l’OMS au Burundi ; Pr Tarzy Daniel, expert ; Dr Ruhana Mirindi Bisimwa, expert ; Dr Jean Pierre Mulunda Nkata, expert. »
Cette décision des autorités burundaises est, de prime abord, déplorée aussi bien par l’Union Africaine que par les Nations Unies. Par ailleurs, elle semble prendre de court les responsables de l’OMS. Le Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso Rebecca Moeti, a indiqué être « en communication avec le gouvernement du Burundi afin de clarifier et comprendre les raisons pour lesquelles cette décision a été prise. » Elle a également précisé que son Bureau « travaille avec le Système des Nations Unies au niveau du pays pour organiser le départ du staff. »
Le ministère des Affaires Etrangères du Burundi s’est servi, au préalable, de cette correspondance du 12 mai 2020 pour présenter « ses compliments au Bureau de la Représentation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique ». Toutefois, l’arbre de cette courtoisie cache une véritable forêt de désaccords entre le Burundi et l’OMS. Déjà, en avril dernier, le pays est passé tout près d’une décision similaire. Les autorités burundaises dénonçaient à l’époque une « ingérence inacceptable » de l’OMS et en particulier de sa représentation locale, dans leur gestion de la pandémie du Covid-19.
Pour mémoire, le Burundi est l’un des rares pays africains à ne pas prendre des mesures fermes contre la propagation du nouveau coronavirus. Selon les sources officielles, le pays compte au total 27 cas positifs au Covid-19 dont un décès. Des chiffres contestés par certains observateurs à l’intérieur et à l’extérieur du pays, qui les jugent largement sous-estimés.
Yamingué Bétinbaye,
Docteur en géographie
