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Dans la Manche, les canots de migrants déjouent la surveillance policière

À l’aube, sur une plage du nord de la France, une douzaine de migrants attendent le passage d’une patrouille de police, puis grimpent silencieusement dans un canot pneumatique.

Après quelques minutes pour faire démarrer le moteur, le groupe met le cap vers les côtes anglaises, en faisant ses adieux à un homme qui avait pataugé jusqu’à la taille dans l’eau pour les pousser vers le large.

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La France et la Grande-Bretagne ont convenu le mois dernier de mobiliser davantage de policiers et de gendarmes le long des côtes françaises et de déployer sur une zone plus étendue des technologies et des véhicules de surveillance pour empêcher les migrants de traverser la Manche, l’une des voies de navigation les plus fréquentées au monde, sur des bateaux pneumatiques surchargés.

Mais si la police française confisque davantage de canots et empêche davantage de traversées, elle ne peut que réduire le flux des départs.

Les candidats sont trop nombreux, la côte à surveiller trop étendue – 130 km de plages, de dunes et de falaises – et les passeurs trop habiles, constatent les forces de l’ordre. Trente kilomètres séparent la France de l’Angleterre au point le plus étroit.

« On s’adapte en permanence, et les migrants s’adaptent à nous », dit Mathilde Potel, commissaire adjointe de Calais, haut lieu de la crise migratoire. « Comme ce n’est pas imperméable, on continue à avoir des migrants qui affluent et qui tentent la traversée vers l’Angleterre. C’est pour ça qu’on s’adapte en permanence. »

Lorsque la sécurité est renforcée à un endroit, les passeurs – qui reçoivent en moyenne environ 2.000 euros par personne – se déplacent vers un autre endroit, indique la police.

« Ils s’adaptent, ils évoluent très vite », dit le capitaine de la gendarmerie départementale Laurent Martin de Morestel. « On a une surveillance 24h/24 mais il y a parfois des départs multiples, avec des bateaux tous les 3 ou 4 kilomètres. On va en intercepter un, deux, trois quatre (…) mais pour le cinquième ou le sixième, si on est occupés ailleurs, c’est un départ réussi. »

Les grands canots pneumatiques qui transporteront des dizaines de migrants peuvent être cachés à l’arrière d’une camionnette ou d’une grande voiture familiale, puis gonflés en quelques minutes et portés au bord de l’eau.

Là, les demandeurs d’asile, qui se cachent souvent derrière les dunes, émergent et montent à bord, parfois trop rapidement pour que la police les repère.

UNE TRAVERSÉE EXTRÊMEMENT DANGEREUSE

La France a bloqué deux fois plus de tentatives de traversée au cours du premier semestre de cette année par rapport à la même période l’an dernier, selon les autorités.

De janvier à juillet, la police a intercepté 481 traversées, tandis que 412 petits bateaux ont réussi à atteindre les côtes britanniques.

« Le but de la mission c’est d’intercepter toute tentative de départ, avant qu’ils prennent la mer », dit le capitaine Ludovic Caulier à bord d’un patrouilleur de la police. « Une fois pris la mer il est presque trop tard et il faut les accompagner, les escorter, on est dans le secours aux personnes. »

L’Angleterre peut sembler proche – par temps clair, on peut apercevoir ses côtes depuis la France – mais la traversée est extrêmement dangereuse, souligne Dominique Consille, sous-préfète de l’arrondissement de Boulogne-sur-Mer.

Les courants sont forts et le trafic maritime intense. A la merci des vagues, les canots pneumatiques surchargés ont souvent du mal à rester à flot. Certains migrants se noient.

Un matin de cette semaine, la police a ramassé des gilets de sauvetage orange vif éparpillés sur la plage, ainsi que les restes d’un canot pneumatique qui a éclaté peu après avoir quitté le rivage.

Les 30 à 35 personnes se trouvant à bord ont réussi à regagner la plage, raconte un témoin, René Duquesnoy, qui a appelé la police après avoir vu l’embarcation couler.

Patrice Villielm, chef de la brigade de police aéronautique de Lille, a déclaré que son équipe avait vu un petit canot pneumatique sur le point d’être percuté par un grand cargo.

Ils ont réussi à avertir le navire marchand à temps pour qu’il change de cap avant que la catastrophe ne survienne.

(Reportage Pascal Rossignol, rédigé par Ingrid Melander; version française Diana Mandiá, édité par Jean-Stéphane Brosse)

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