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Nagel (Bundesbank) met en garde la BCE contre un soutien aux pays endettés

par Balazs Koranyi et Francesco Canepa

FRANCFORT (Reuters) – Le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a mis en garde lundi la Banque centrale européenne (BCE) contre toute tentative visant à faire baisser les coûts d’emprunt des pays du Sud de la zone euro et a estimé que l’accent devrait être mis sur la lutte contre l’inflation, qui pourrait nécessiter davantage de hausses de taux d’intérêt que prévu.

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La BCE, qui doit relever ses taux d’intérêt lors de la réunion du 21 juillet, s’est engagée à élaborer un nouveau programme d’achats de titres censé limiter le creusement des écarts de rendements entre les emprunts allemands, jugés plus sûrs, et ceux des pays dits périphériques au bloc monétaires comme l’Italie et l’Espagne.

Joachim Nagel a déclaré qu’un tel projet ne devrait être mis en place qu’en cas de circonstances exceptionnelles et devrait être assorti de conditions et d’une durée précisément définies, afin que la BCE ne donne pas l’impression qu’elle fournira toujours des conditions de financement favorables.

« Je mettrais donc en garde contre l’utilisation d’instruments de politique monétaire pour limiter les primes de risque, car il est pratiquement impossible d’établir avec certitude si un creusement des écarts de rendement est fondamentalement justifié ou non », a-t-il déclaré dans un discours.

Ces propos constituent le plus important désaccord public sur la politique de la BCE depuis la prise de fonctions en janvier de Joachim Nagel à la tête de la banque centrale allemande et pourraient témoigner de l’émergence d’un possible nouveau fossé entre les deux institutions, qui a caractérisé la dernière décennie.

Avant ces déclarations, des sources proches des discussions avaient rapporté à Reuters que le patron de la banque centrale allemande, sans s’opposer directement aux projets de la Banque centrale européenne, avait exprimé son refus quant à un nouveau soutien de la BCE aux pays les plus endettés lors d’une réunion d’urgence de l’institution le mois dernier.

Si un soutien est effectivement accordé, il doit être « strictement temporaire » et doit permettre de maintenir la pression sur les pays pour qu’ils mènent des politiques budgétaires soutenables et réduisent leur niveau d’endettement, a dit Joachim Nagel.

Le soutien doit en outre être justifié uniquement par des motifs de politique monétaire et les achats d’obligations des pays du sud doivent être arrêtés afin que l’orientation générale de la politique ne soit pas affectée, a-t-il ajouté.

Le président de la Bundesbank estime que la BCE doit par ailleurs s’atteler en priorité à la lutte contre l’inflation, car les hausses de taux d’intérêt prévues pour faire baisser les prix pourraient s’avérer insuffisantes.

Lors de la visioconférence du 15 juin, convoquée avec un préavis de quelques heures seulement, laissant très peu de temps aux gouverneurs pour étudier les documents préparatoires, les sources ont indiqué que Joachim Nagel avait rappelé que la mission principale de la BCE était le contrôle de l’inflation élevée et non la lutte contre la fragmentation.

INFLATION RECORD EN JUIN

En Zone euro, l’inflation est ressortie vendredi dernier au niveau record de 8,6% sur un an en juin, tandis que les prix à la production, publiés lundi, affichent en mai une hausse de 36,3% sur un an.

« Le ‘désancrage’ des anticipations d’inflation doit être évité quoi qu’il arrive », a déclaré Joachim Nagel. « Ce qui implique dans l’immédiat une action résolue de la politique monétaire (…) l’orientation encore très accommodante de la politique monétaire devrait être rapidement abandonnée », a-t-il ajouté.

D’autres sources ont indiqué la semaine dernière à Reuters que la BCE achèterait des obligations émises par l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce en utilisant le produit des échéances de dettes allemandes, françaises et néerlandaises qu’elle détient en portefeuille, pour limiter le creusement des écarts de rendements entre Etats.

Avec ce schéma, il est probable que la part de la dette allemande dans le bilan de la BCE tombe sous le quota requis alors qu’il est censé respecter une répartition entre pays.

La Bundesbank subirait en outre des pertes si elle était obligée de vendre des obligations allemandes pour compenser les achats de dette d’autres pays.

Les membres de la BCE qui se sont exprimés depuis la visioconférence du 15 juin, notamment les faucons Pierre Wunsch, de la Banque nationale de Belgique, et Klaas Knot, de la banque centrale des Pays-Bas, ont soutenu la promesse de la présidente Christine Lagarde de prévenir une fragmentation financière de la zone euro.

(Reportage Balazs Koranyi et Francesco Canepa, version française Laetitia Volga et Claude Chendjou, édité par Kate Entringer et Camille Raynaud)

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