par Howard Schneider, Balazs Koranyi et William Schomberg
WASHINGTON (Reuters) – Les grandes banques centrales, qui attribuent à leur objectif de 2% d’inflation le mérite d’avoir ancré la stabilité des prix, voient ce dogme de la politique monétaire confronté à son premier véritable test avec l’explosion récente des prix.
En fixant un objectif d’inflation, les banquiers centraux pensent se donner une crédibilité et mieux orienter la réflexion des ménages et des entreprises. Le recours à des objectifs d’inflation s’est répandu dans le monde développé, de la Nouvelle-Zélande en 1990 aux Etats-Unis et au Japon en 2012 et 2013 respectivement, en passant par l’Europe.
Mais depuis le début de la pandémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ce cadre de la politique monétaire est bousculé comme il n’a jamais été auparavant.
« A l’avenir, nous pourrions être confrontés à une période d’inflation structurellement plus élevée qu’au cours des deux dernières décennies. L’impact déflationniste de la localisation économique se dissipe et il y aura des pressions inflationnistes provenant du commerce mondial, de la transition climatique, de la démographie et de la politique », a déclaré Claudio Boric, chef du département monétaire et économique de la Banque des règlements internationaux (BRI)
Claudio Boric n’est toutefois pas favorable à un relèvement des objectifs d’inflation en dépit de la récente flambée des prix, qui pourrait être encore plus persistante que prévu et rendre un retour de l’inflation à 2% plus difficile à orchestrer.
A ce stade, la plus grande inquiétude des grands argentiers du monde est de perdre leur crédibilité s’ils ne respectent pas la ligne de conduite qu’ils se sont eux-même fixée.
« Est-ce que 2% est en quelque sorte un chiffre magique ? », a déclaré au début du mois Lael Brainard, la vice-présidente de la Réserve fédérale américaine. « Probablement pas. Mais c’est notre chiffre et nous sommes très engagés à ramener l’inflation à 2% (…) La réalisation de cet objectif est au coeur de notre politique monétaire globale », a-t-elle ajouté, se faisant l’écho d’un sentiment partagé par les banques centrales de la zone euro, du Royaume-Uni et du Japon.
« Laissez-moi être tout à fait clair, il n’y a pas de ‘si’ ou de ‘mais’ dans notre engagement envers l’objectif d’inflation de 2% », a déclaré l’année dernière le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey. « C’est notre travail et c’est ce que nous ferons ».
PAS LE « PROCESSUS LE PLUS SCIENTIFIQUE »
Lors de sa réunion de politique monétaire mardi et mercredi, la Fed devrait, comme chaque année depuis 2012, s’engager pour une inflation à 2%, le taux « le plus cohérent à long terme » avec son mandat confié par le Congrès américain, à savoir la stabilité des prix et le plein emploi.
Si la banque centrale a apporté des changements importants à sa « déclaration sur les objectifs à long terme et la stratégie de politique monétaire », elle n’a jamais remis en question cette cible, au motif qu’une promesse est une promesse et qu’elle ne peut être renégociée qu’au prix de grands risques.
Bien qu’il s’agisse désormais d’une norme mondiale, le chiffre de 2% est moins le fruit d’une analyse approfondie ou d’une estimation statistique que la meilleure estimation d’un taux qui permettrait aux instituts d’émission de bénéficier des avantages de la détermination d’un objectif, suffisamment bas pour les populations.
Au sortir de la période de forte inflation des années 1970 et 1980, les responsables ont ressenti la nécessité de consolider leur propre crédibilité en matière de lutte contre la hausse des prix et ont vu dans la fixation d’une cible une manière simple de communiquer pour orienter les anticipations et renforcer la confiance.
Un large consensus se dégage pour considérer qu’une hausse modeste des prix est saine économiquement. Elle donne aux entreprises la possibilité d’ajuster les coûts « réels » de la main-d’oeuvre sans freiner l’embauche et aux banques centrales une plus grande marge de manoeuvre, grâce à des taux d’intérêt nominaux plus élevés, pour gérer les périodes de ralentissements économiques par des baisses de taux plutôt que par des achats d’obligations et d’autres mesures moins conventionnelles.
La banque centrale de Nouvelle-Zélande, soumise dans les années 1980 à des pressions politiques pour juguler une inflation élevée, a été la première à mettre l’idée en pratique avec un objectif compris entre zéro et 2%.
« Ce n’était pas le processus le plus scientifique au monde », a déclaré Michael Reddell, un ancien économiste de la Reserve Bank of New Zealand. « Personne n’avait fait cela avant nous ».
« Je pense personnellement que ce chiffre avait du sens sur la base de l’histoire, de l’expérience et la recherche (…) Il nous a servi incroyablement bien », a déclaré le président de la Fed de New York, John Williams, au début du mois. « Cela a aidé à la transparence. Cela aide les marchés et les gens comprennent quelle est notre étoile polaire. »
Cependant, le débat qui reste à engager est de savoir ce qui se passera si cet objectif se révèle être plus qu’un symbole intouchable qu’une cible réaliste.
Économistes et banquiers centraux ne s’attendent pas à une modération de l’inflation à un rythme rapide et régulier. Certains pensent même que la phase actuelle est la plus aisée avec une première baisse des prix sans grave conséquence, notamment sur les marchés du travail.
Mais malgré l’accent mis sur le retour à une inflation de 2%, les responsables ont également reconnu que le débat pourrait se compliquer à mesure qu’ils évaluent l’effet des hausses de taux d’intérêt, passées et futures, sur l’inflation et l’économie.
Une remontée de taux rapide était « vraiment importante pour démontrer cette détermination et pour s’assurer que les gens comprennent que 2% d’inflation est toujours le bon point d’ancrage », a déclaré Lael Brainard. « Nous sommes dans une position quelque peu différente aujourd’hui (…). Nous sommes maintenant dans un environnement où nous devons équilibrer les risques des deux côtés. »
Les responsables de la Fed ont prévu que leurs mesures de resserrement monétaire pourraient se solder par la perte de 1,5 million d’emplois aux Etats-Unis cette année. Si l’inflation s’avère plus tenace que prévu, atteindre l’objectif de 2% pourrait être encore plus douloureux.
Bien que les données récentes suggèrent des « perspectives légèrement meilleures » pour un résultat où l’inflation ralentit jusqu’à l’objectif sans dommage important pour l’emploi ou la croissance, Lael Brainard a déclaré : « C’est un environnement très incertain et vous ne pouvez tout simplement pas exclure des compromis pires. »
(Reportage Howard Schneider à Washington, Balazs Koranyi à Francfort et William Schomberg à Londres; avec Lucy Craymer, Michael Derby et Leika Kihara; version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)
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