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La peur grandit chez les salariés de la grande distribution en France

L’affluence était à son comble au dernier jour de travail d’Aïcha Issadounene, caissière à temps partiel dans un Carrefour de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). La rumeur d’un confinement courrait, les Français se ruaient pour faire des réserves de nourriture dans les magasins. Dans cette cohue, Aïcha renseignait les clients, selon son syndicat.

L’annonce du confinement visant à limiter la propagation du coronavirus est survenue le soir même. Seuls ont été autorisés à sortir les travailleurs indispensables à la survie de la nation. Aïcha Issadounene a été mise en arrêt maladie à ce moment-là, le 17 mars. Dix jours plus tard, elle décédait des suites d’une contamination au coronavirus.

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Le nombre grandissant de victimes du coronavirus dans la grande distribution suscite une vague d’inquiétude chez le personnel du secteur, salariés de première ligne, qui, jusqu’à récemment, ne disposaient pas de masques pour se protéger. /Photo prise le 30 mars 2020/REUTERS/Stéphane Mahé

Le nombre grandissant de victimes du coronavirus dans la grande distribution suscite une vague d’inquiétude chez le personnel du secteur, salariés de première ligne, qui, jusqu’à récemment, ne disposaient pas de masques pour se protéger.

« J’ai peur comme tout le monde de sortir de la maison, de venir travailler », dit à Reuters Tshela Ngandu, une collègue d’Aïcha, très peinée par la perte de la déléguée syndicale CGT de 52 ans, qui travaillait comme comptable en semaine.

Rien ne prouve encore qu’Aïcha, décrite comme une femme au grand coeur, toujours prête à défendre les intérêts des salariés, ait bien contracté le virus dans le supermarché. Mais le choc est violent pour ses collègues.

La CGT dit noter une montée de l’absentéisme dans le secteur qui, si elle continue, pourrait entraîner des tensions dans l’approvisionnement des produits de première nécessité. Dernier mouvement de colère en date, l’exercice du droit de retrait lundi de quelque 200 salariés sur 515 au Carrefour de Vitrolles près de Marseille.

À Coueron près de Nantes. /Photo prise le 30 mars 2020/REUTERS/Stéphane Mahé

« Il faut que le gouvernement nous écoute. Viendra le jour où il n’y aura plus personnes dans les magasins », prévient Amar Lagha, secrétaire général de la Fédération CGT Commerce et Services, qui réclame davantage de mesures de protection et la fermeture des rayons considérés comme non essentiels.

1.000 CAS DE SUSPICIONS DE CONTAMINATION

La CGT recense pour l’instant cinq décès liés au coronavirus dans le secteur, ainsi que 1.000 cas de suspicions de contamination. Force ouvrière parle de 400 cas de suspicions de contamination dans les 130 magasins Carrefour où elle a pu obtenir des remontées.

FO évalue par ailleurs le taux d’absentéisme global entre 10 à 15% sur le territoire. La CGT parle de 40% dans certains magasins. Selon la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), le taux d’absentéisme le plus élevé se situe dans la région du Grand Est, première région touchée en France, à 20%.

Pour l’instant, les enseignes s’organisent, grâce au retour au travail de certains parents dont les conjoints ont été mis en chômage partiel, dit la FCD. Elles ont également eu recours aux étudiants lors des moments d’affluence ainsi qu’aux intérimaires.

À Coueron près de Nantes. /Photo prise le 30 mars 2020/REUTERS/Stéphane Mahé

La chaîne Monoprix a appelé la semaine dernière les groupes non alimentaires qui auraient mis leurs salariés au chômage partiel à les rediriger vers ses magasins pour aider le personnel, selon une lettre consultée par Reuters. L’entreprise n’a pas répondu aux sollicitations de Reuters.

Pour inciter les salariés à rester au travail, certains groupes comme Carrefour, Leclerc ou encore Auchan ont également annoncé une prime de 1.000 euros, qui devrait être exonérée de charges et d’impôts.

SALARIÉS AU BORD DE L’ÉPUISEMENT

Le Groupe Carrefour – premier employeur dans le privé – dit faire le nécessaire pour assurer la protection de ses salariés. Dans la plupart des magasins, les gants ont été fournis aux premiers jours du confinement, tout comme les gels hydroalcooliques. Des vitres en plexiglas ont également été installées aux caisses.

Mais les masques ne sont arrivés que cette semaine, une fois que le gouvernement a permis leur importation le 26 mars. Il avait dans un premier temps réquisitionné les stocks disponibles sur le territoire pour les rediriger vers les services de santé.

Deux millions de masques sont donc arrivés dimanche et ont été livrés dans les magasins en début de semaine, et 20 millions sont encore attendus.

Mais tous les distributeurs ne jouent pas le jeu, préviennent les syndicats qui expliquent qu’encore beaucoup de salariés n’ont pas le minimum requis.

Au delà des craintes pour leur santé, les salariés doivent tenir la cadence à long terme. Ereintée physiquement et psychologiquement, Laëtitia Gerbot, employée depuis cinq ans dans un supermarché de Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne), doute.

Affectée au drive, elle répond à 50 voire 60 commandes par jour, contre une quinzaine auparavant. Entre les commandes, elle effectue des livraisons. Elle travaille en moyenne 10 heures supplémentaires par semaine, en plus des 35 heures habituelles.

« Après une journée de travail, ce sont les douches, les repas à faire. A la fin de la journée, je m’écroule de fatigue », dit cette mère de trois enfants de 8, 12 et 15 ans. « Mon corps arrive à l’épuisement ».

Elle ne peut pas se permettre financièrement de s’arrêter. Le plus difficile, dit-elle, c’est de travailler avec cette peur de ramener le virus à la maison et de contaminer ses enfants. « Je ne fais plus de câlin à mes enfants, je ne leur fais pas de bisous non plus. Ça me manque énormement. »

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