La BCE doit surveiller les anticipations d’inflation, dit Luis De Guindos
FRANCFORT (Reuters) – La Banque centrale européenne doit continuer de surveiller de près l’évolution des anticipations d’inflation, qui ont récemment dépassé son objectif de 2%, mais celle des salaires, l’un des principaux déterminants de la durée des phases inflationnistes, reste contenue, a déclaré jeudi le vice-président de la BCE, Luis de Guindos.
L’inflation dans la zone euro a atteint 7,4% sur un an en mars, son plus haut niveau depuis l’introduction de la monnaie unique, et même si elle devrait refluer dans les mois à venir, de plus en plus d’observateurs craignent qu’elle reste durablement élevée et empêche la BCE de la contenir autour de 2% dans les années à venir.
« À moyen terme, la plupart des enquêtes et des mesures des anticipations d’inflation fondées sur des données de marché indiquent des taux d’inflation autour de notre objectif de 2% », a dit Luis De Guindos lors d’une audition au Parlement européen.
« Les anticipations d’inflation ont cependant augmenté ces derniers mois et les premiers signes d’évolution de ces mesures au-delà de l’objectif justifient une surveillance étroite », a-t-il ajouté.
Il a toutefois précisé qu’aucun signe ne suggérait à ce stade que la hausse des prix à la consommation favorisait une accélération des augmentations de salaires, ce qui constituerait un signal inquiétant car cela suggérerait le déclenchement d’une dynamique inflationniste durable.
« Pour l’instant, les hausses de salaires sont assez prudentes et totalement compatibles avec l’objectif de stabilité des prix », a dit Luis De Guindos.
La BCE prévoit de continuer à « normaliser » sa politique monétaire, d’abord en mettant fin à ses achats d’obligations sur les marchés puis en envisageant de remonter ses taux d’intérêt, a-t-il poursuivi, reprenant le discours tenu par l’institution à l’issue de sa dernière réunion, le 14 avril.
Cette stratégie pourrait favoriser la remontée des rendements obligataires dans la zone euro mais la BCE est prête à agir pour limiter un écartement injustifié des « spreads », les écarts de rendements entre les différents pays membres, a souligné le vice-président.
« Nous avons débattu des implications globales de la fragmentation », a-t-il dit. « Nous n’avons pas discuté d’instruments concrets (…) mais je peux vous assurer que nous sommes prêts à agir. »
(Reportage Balazs Koranyi et Francesco Canepa, version française Marc Angrand, édité par Kate Entringer et Jean-Michel Bélot)