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Gardez vos virus ! La réponse des Bretons aux Parisiens en exil

SAINT-JACUT-DE-LA-MER (Côtes d’Armor) (Reuters) – Rues désertes, hôtels et restaurants fermés, à Saint-Jacut-de-la-mer, petite station balnéaire des Côtes d’Armor, au nord de la Bretagne, malgré le soleil et le grand ciel bleu, la vie semble s’être arrêtée, se concentrant dans la rue principale où la supérette et le bureau de tabac accueillent encore les clients venus se ravitailler.

Ces derniers jours toutefois, l’afflux soudain de propriétaires de résidences secondaires, souvent Parisiens, venus en nombre se réfugier sur les côtes bretonnes pour répondre aux mesures de confinement destinées à lutter contre le coronavirus, a bouleversé la torpeur dans laquelle le village était plongé.

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« Toutes les propriétés autour de chez moi sont maintenant occupées », constate Daniel, un retraité de 74 ans, qui n’a guère apprécié l’arrivée soudaine de cette population.

« On ne peut pas dire que ce sont des personnes qui ont le meilleur comportement, on a l’impression qu’elles se croient en vacances, à faire leur footing tous les matins sous nos fenêtres. C’est sûr que toute cette circulation va accélérer la transmission du virus », poursuit t-il, très remonté, après avoir récupéré ses médicaments au comptoir de la pharmacie du village.

Tout vêtu de noir, Gilbert, 72 ans, un autre habitant de Saint-Jacut-de-la mer, où l’on compte 900 résidents l’hiver et dix fois plus à la belle saison, stigmatise de son côté le « vent de panique » qui s’est levé en France après l’annonce par le gouvernement des mesures de confinement, estimant qu’il aurait fallu « bloquer toutes les gares pour empêcher les gens de venir ici ou sur la Côte d’azur ».

« Alors que dans les Côtes d’Armor, il y a très peu de cas, tous les gens de la région ont peur de la propagation du virus », insiste t-il, planté devant le magasin de journaux.

A Saint-Jacut-de-la-mer. /Photo prise le 19 mars 2020/REUTERS/Stéphane Mahé

Cette crainte s’est principalement manifestée dans la supérette du village où le début de semaine a été très tendu entre les habitants de Saint-Jacut et les nouveaux arrivants, en provenance principalement de la région parisienne, tandis que les rayons alimentaires étaient pris d’assaut.

« Cela a été très compliqué », confirme avec pudeur la patronne du magasin qui, installée à la caisse et protégée par une plaque de plexiglass, ne souhaite pas s’exprimer davantage.

DES SUPERMARCHÉS « DÉVALISÉS » À BELLE-ÎLE

Autre source d’inquiétude pour les autochtones : la saturation possible des services des hôpitaux voisins de Saint-Malo, dont le personnel réclame depuis des mois davantage de moyens, ou encore de Dinan, dont certains services ont été supprimés avant la pandémie.

« On ne peut pas recevoir tout le monde », remarque David, chômeur de 45 ans, qui s’étonne de voir autant de « joggers » sur les plages.

« C’est un manque de civisme que je ne peux pas cautionner, alors que nous-mêmes on fait attention à ne plus aller se balader », complète Pierre, 78 ans, habitant de Ploubalay, une commune voisine, qui dit être surtout inquiet pour ses enfants et petits-enfants.

Rues désertes, hôtels et restaurants fermés, à Saint-Jacut-de-la-mer, petite station balnéaire des Côtes d’Armor, au nord de la Bretagne, malgré le soleil et le grand ciel bleu, la vie semble s’être arrêtée, se concentrant dans la rue principale où la supérette et le bureau de tabac accueillent encore les clients venus se ravitailler. /Photo prise le 19 mars 2020/REUTERS/Stéphane Mahé

Certains habitants de Saint-Jacut se veulent toutefois compréhensifs, reconnaissant qu’ils auraient probablement agi de la même façon que beaucoup de Parisiens revenus en Bretagne pour éviter de rester coincés dans leur appartement.

« On a envie d’être préservés (…) mais à partir du moment où chacun respecte les règles et reste confiné chez soi, ça ne me dérange pas », confie Héloïse, 39 ans, la patronne du restaurant-pizzeria, fermé pour cause de Covid-19.

Si certains propriétaires de résidences secondaires ont pris des libertés avec les mesures de confinement, en profitant de la plage et des possibilités de randonnées, la plupart limitent désormais leurs déplacements au minimum.

« On s’est retrouvés à Saint-Jacut avec mon mari un peu par hasard car on était simplement venus vérifier l’état de notre maison, mais il est sur qu’on est mieux ici que dans la région parisienne », confie Isabelle, une juriste en retraite venue de l’Ile de France, qui dit toutefois n’avoir entendu aucune parole malveillante.

A Saint-Jacut-de-la-mer. /Photo prise le 19 mars 2020/REUTERS/Stéphane Mahé

Dans d’autres communes du littoral breton et notamment sur les îles du Morbihan, les réactions de la population, notamment à travers les réseaux sociaux, ont été parfois particulièrement violentes.

A Belle-île en Mer (Morbihan), des résidents originaires de la région parisienne ont été pris à partie par des insulaires leur reprochant de ne pas respecter les mesures de confinement, de « dévaliser » les supermarchés et de faire peser des menaces d’engorgement sur les services sanitaires locaux.

Le maire de l’île de Groix, Dominique Yvon, dans une vidéo diffusée sur internet par des médias locaux, a de son côté déploré le comportement de « résidents non-permanents » se promenant ou jouant sur les plages « comme si c’était l’été ».

Selon Stéphane Mulliez, directeur général de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) en Bretagne, près de 2.000 personnes seraient arrivées dans le seule journée du 17 mars, jour du confinement décrété par le président de la République Emmanuel Macron, dans le seul département du Morbihan.

(Pierre-Henri Allain, édité par Jean-Michel Bélot)

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