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Une tragédie familiale au Soudan

L’organisation chrétienne Christian Solidarity International a permis la libération de Ucoak Bol, une Soudanaise de 50 ans qui a perdu sa famille en 1986 au moment de son enlèvement. Elle a été esclave du meurtrier de ses parents pendant près de 30 ans. Malgré toutes ses souffrances, cette femme courageuse est heureuse d’être de retour chez elle.

«Je suis originaire de Buol Toch, un village de la périphérie d’Aweil. Au moment de mon enlèvement, nous souffrions d’une terrible famine. Une invasion de sauterelles avait anéanti la récolte. J’étais encore jeune et j’avais trois enfants en bas âge.

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Lorsqu’on nous a attaqués, la situation était perdue d’avance. Personne dans notre village n’avait d’arme à feu. Nous avons tenté de nous défendre tant bien que mal à l’aide de lances et de boucliers, mais les Arabes qui nous assaillaient étaient à cheval ou à dos de chameau. Ils ont ouvert le feu et tué quatre villageois, dont mon mari. Nous ne pouvions pas voir leurs armes, et pourtant ils pouvaient nous tuer! Pris de panique et désespérés, nous avons tous tenté de fuir.

Une tragédie familiale

Les Arabes se sont emparés de moi, mais aussi de mes parents et de mes enfants. Alors qu’ils voulaient me séparer de mes enfants, mes parents se sont interposés. Les ravisseurs les ont abattus de sang-froid. Ding, mon plus jeune fils, a voulu serrer sa grand-maman dans ses bras. Pour l’en empêcher, les «Janjawid» (milices arabes) l’ont frappé brutalement et il a succombé à ses blessures. Quant à mes deux autres enfants – Agueil et Dut – je ne sais toujours pas où ils sont.

Tout au long du voyage, mes ravisseurs me donnaient des coups de fouet. Comme si cela ne suffisait pas, ils s’amusaient à gratter mes plaies avec leurs ongles pointus. Mon corps tout entier était enflé; j’étais dans un état misérable.

Chez le meurtrier

J’ai ensuite servi d’esclave à Madoi Eyaiya, l’homme qui avait tué mes parents. Avec d’autres miliciens, il retournait régulièrement dans le sud du pays pour envahir d’autres villages. Il revenait avec des esclaves, des vaches et des chèvres. D’autres esclaves vivaient dans la région, mais j’étais la seule Dinka dans la maison de mon maître.

Je devais porter de l’eau, laver les vêtements et frotter péniblement le sol. Madoi me frappait souvent. Kartouma, sa femme, me maltraitait aussi. Elle était très méchante. Si j’essayais de me défendre ou lui demandais simplement pourquoi elle me frappait, Madoi venait à la rescousse pour ‹aider› sa femme à me battre.

Elle refuse de se laisser convertir

J’ai au moins échappé à la mutilation génitale. En effet, j’étais déjà adulte quand j’ai été déportée au nord du Soudan; il est fort probable que mon âge m’a préservée de cet acte terrible. Je pense que je n’aurais pas pu endurer cela.

Madoi a souvent eu des relations sexuelles avec moi; nous avons une fille qui s’appelle Awut. Il l’a forcée à se marier avec un esclave dinka. Il voulait aussi m’obliger à me convertir à l’islam, mais je suis restée ferme et j’ai résisté à ses tentatives pour me convertir. Il n’y avait pas la moindre Église dans la région. Pourtant, je n’ai jamais abandonné l’espoir de rentrer un jour au Soudan du Sud.

Une grande reconnaissance

Mon espoir n’a pas été déçu: un jour, un Arabe est arrivé pour me libérer. Il a donné à Madoi des médicaments pour son bétail. En contrepartie, Madoi m’a laissé partir. En réalité, j’ai été affranchie. Pour revenir au Soudan du Sud, j’ai dû être transportée en charrette sur une bonne partie du chemin du retour. Mon ancien maître avait tellement maltraité mon pied qu’aujourd’hui encore, j’ai beaucoup de peine à marcher.

Mon libérateur est allé chercher d’autres Sud-Soudanais réduits en esclavage. Il est parvenu à en affranchir plusieurs et à les ramener au pays. Il a travaillé dur pour nous; sur le chemin du retour, il nous a toujours donné suffisamment à manger et à boire. Je ne pourrai jamais exprimer toute ma reconnaissance à son égard.

Une tumeur à l’oreille gauche

Je ne suis plus en bonne santé. Outre ma blessure au pied, je souffre depuis plus de dix ans d’une grosse tumeur à l’oreille gauche. C’est très douloureux. Toutefois, je suis très heureuse d’être de retour chez moi. C’est ici que je veux rester.

Mon vœu le plus cher est de revoir Awut. J’espère très fort qu’elle pourra venir au Sud. Je m’ennuie aussi d’Aguel et Dut, les enfants que j’ai eus avec mon mari. Il sera très difficile de les retrouver, mais je veux faire confiance à Dieu.»

Reto Baliarda du CSI

Chrétiens TV

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