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Rapport sur les abus sexuels: pour les victimes, un « tsunami » qui oblige l’Eglise

La hiérarchie catholique va devoir se montrer à la hauteur du véritable « tsunami » que constitue le rapport sur les abus sexuels dans l’Eglise de France qui sera publié mardi, estime Olivier Savignac, président de l’association de victimes « Parler et revivre ».

Le rapport de 2.500 pages préparé depuis deux ans et demi par la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) donne pour la première fois l’ampleur de ce phénomène en France au cours des 70 dernières années.

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Sans attendre la publication du texte, le président de la commission, Jean-Marc Sauvé, a fourni à l’AFP une « estimation minimale » de « 2.900 à 3.200 pédocriminels », établie sur la base d’une étude approfondie des archives de l’Eglise, de la justice et de la police judiciaire, mais aussi grâce aux articles de presse et aux témoignages reçus par la commission.

Selon Olivier Savignac, qui s’appuie sur une estimation réalisée par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) pour le rapport, ces prêtres et religieux ont fait 216.000 victimes depuis 1950.

« C’est un séisme, c’est un ouragan, c’est un tsunami et il faut que ce soit un tsunami parce qu’aujourd’hui, quand on voit les chiffres, c’est tellement accablant que personne ne peut rester dans le déni, au sein de l’Eglise catholique et dans la société toute entière », a-t-il déclaré lundi à Reuters.

Abusé en 1993, alors qu’il avait 13 ans, par un prêtre qui a été condamné en 2018 à deux ans de prison ferme pour agressions sexuelles sur mineurs, l’Aveyronnais se bat depuis des années pour que l’Eglise reconnaisse sa responsabilité dans ce qu’il décrit comme un phénomène « systémique ».

« La hiérarchie ne pouvait pas ignorer ces chiffres-là, elle était au courant, et pour moi, il y a d’un côté les agresseurs, mais il y a aussi la responsabilité institutionnelle de l’Eglise par rapport à ce phénomène qu’elle a entretenu et dont elle est complice », accuse-t-il.

Olivier Savignac, qui dit s’être cogné pendant 15 ans à des « murs de silence » en tentant de faire reconnaître son préjudice, souligne qu’il y a eu un « emballement » depuis que l’association « La Parole libérée » a révélé en 2015 l’affaire du prêtre Bernard Preynat. Affaire qui a valu au cardinal de Lyon, Philippe Barbarin, un procès pour non-dénonciation d’abus sexuel à l’issue duquel il a été relaxé en appel l’an dernier.

« AU PIED DU MUR »

L’onde de choc de ce procès, qui s’est étendue jusqu’au Vatican, a mis les autorités catholiques « au pied du mur », estime Olivier Savignac.

Le fondateur du collectif « Parler et revivre » reconnaît à la Conférence des évêques de France (CEF) et à la Conférence des religieux et religieuses de France le mérite d’avoir commandé le rapport de la Ciase, en 2018. Contactée par Reuters, la porte-parole de la CEF, Camille Giraudet, n’a pas souhaité faire de commentaire avant la publication du texte.

Pour autant, Olivier Savignac considère que l’Eglise catholique, qui a indiqué en mars qu’elle indemniserait les victimes et appelé sur les réseaux sociaux ses fidèles à prier pour « toutes les personnes qui ont subi des violences et agressions sexuelles dans l’Eglise », ne pourra pas se contenter du service minimum.

« Moi j’ai été reconnu (en tant que victime), il y a eu le procès de mon agresseur. Mais il y a des personnes, 9 sur 10, dont les faits sont tellement anciens qu’ils sont prescrits, donc ils ne peuvent plus recourir à la justice civile, à la justice des hommes… »

« Ce qu’on attend, c’est une réponse de l’Eglise à la hauteur de ce que ces personnes ont souffert. Ce ne sont pas quelques milliers d’euros avec un petit forfait ‘Allez, on passe l’éponge’. Non, c’est une vraie indemnisation en rapport des souffrances de chaque personne. »

Au-delà, Olivier Savignac invite l’Eglise à s’interroger sur l’ampleur de la pédophilie dans ses rangs.

Rapportée au nombre de prêtres et religieux qui ont officié pendant les 70 dernières années en France (115.000, en ne tenant compte que des hommes), l’estimation de « 2.900 à 3.200 pédocriminels » signifie qu’environ 3% des ecclésiastiques se sont livrés à de tels actes.

« On parle de moins d’1% des hommes qui ont des tendances pédophiles et là, dans l’Eglise, on retrouve au moins 3% de pédocriminels. Cela veut dire que dans cette institution, on retrouve trois fois plus d’agresseurs que dans la société française. Il y a une question essentielle à se poser: pourquoi? »

(Reportage de Tangi Salaün et Noémie Olive, avec Ingrid Melander, édité par Jean-Stéphane Brosse)

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