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Des chrétiens soutiennent le bateau de sauvetage en Méditerranée «Sea Watch 4»

Le bateau de sauvetage en Méditerranée «Sea Watch 4», soutenu par l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS) est parti en mer samedi 15 août, après avoir été longtemps bloqué à cause du confinement. L’un des membres d’équipage, l’Autrichien Jakob Frühmann, explique la situation et ses motivations.

La Conseil de l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS) et la Conférence des évêques suisses (CES) ont apporté, en janvier 2020, leur soutien aux opérations de secours en mer menées par «United4Rescue», dont l’Église protestante en Allemagne (EKD) est l’une des initiatrices. L’alliance chrétienne s’est lancée dans le secours aux migrants qui tentent de traverser la Méditerranée en acquérant aux enchères un ancien navire de recherche, rebaptisé «Sea Watch 4». Le bateau a été immobilisé pendant près de cinq mois, en raison de la pandémie de Covid-19, mais a finalement pu larguer les amarres samedi 15 août. Interview, quelques jours avec le départ, avec l’un des membres de l’équipage, l’Autrichien Jakob Frühmann.

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Le «Sea Watch 4» est maintenant prêt à partir en mission. Quelle est sa destination?
Nous sommes actuellement dans le port de Burriana, en Espagne, et nous prévoyons de partir ce week-end (le samedi 15 août, le navire a effectivement quitté le port, ndlr). La traversée vers la Libye prendra cinq jours. C’est de là que de nombreux migrants tentent de prendre la mer. Nous opérerons alors à environ 30 miles des côtes libyennes.

Craignez-vous d’être, à un certain moment, bloqués pour une longue période?
La criminalisation du sauvetage civil en mer par le monde politique est l’un des défis que nous devons affronter et nous nous attendons à rencontrer des obstacles. Nous supposons que, tôt ou tard, un port italien nous sera attribué. En théorie, cela pourrait aussi être à Malte, mais ce pays a opposé une résistance massive ces derniers mois. Alors, il est difficile de prévoir ce qui se passera. Le «Sea-Watch 3» a été bloqué par les autorités sur la base d’accusations perfides, après avoir pu entrer dans le port relativement facilement. Les autorités ont toujours de nouvelles stratégies pour nous bloquer.

Quelle est exactement votre tâche sur le navire?
Je fais partie de l’équipage du bateau et je travaille sur le pont, pour s’assurer que tout se passe bien. Le déploiement et la récupération des canots pneumatiques pour sauver les naufragés font partie de mon travail. Je m’occuperai également des personnes secourues, dont la plupart seront assises sur le pont, où elles vont également dormir. En plus de l’équipage, il y a une équipe médicale et des personnes qui s’occupent principalement des migrants à bord.

«Je suis ici en partie pour des raisons chrétiennes»

Qu’est-ce qui vous a décidé à vous engager sur le navire?
Je viens d’Autriche, et en 2015, j’ai été témoin des événements à la frontière, près de Vienne, lorsque de nombreuses personnes ont réclamé leur droit à la liberté de circulation. Dans ce contexte, j’ai également pris conscience de la situation en Méditerranée. Avant cela, j’avais acquis une certaine expérience en mer dans le cadre d’un navire d’études expérimental en Allemagne. J’ai donc postulé à «Sea Watch». J’ai étudié la théologie, entre autres, et je suis ici en partie pour des raisons chrétiennes. Je me sens mal à l’aise lorsque des politiciens veulent cloisonner l’Europe. Cette attitude est en contradiction flagrante avec les valeurs chrétiennes.

Au large de la Libye, il y a également eu des incidents qui ont causé des victimes. Qu’est-il possible de faire face à cette situation?
Lors de ces incidents, des personnes sont mortes souvent parce que les soi-disant garde-côtes libyens ont bloqué le sauvetage, par manque d’équipement et de savoir-faire. Cela me rend triste et en colère que l’Union européenne (UE) n’empêche pas ces violences évitables.

L’UE pense surtout à sa propre sécurité. Les «garde-côtes libyens» sont en fait une association de différentes milices à la composition impénétrable. Ils sont pourtant cofinancés par l’UE. Nous avons différentes procédures pour faire face à d’éventuelles violences. Il y a un certain nombre de personnes expérimentées à bord. Et si je ne pense pas que le risque soit important, il est malgré tout toujours là.

«Les gens sont en fuite de toute façon, que des navires de sauvetage soient en route ou non»

Des voix critiques affirment que le sauvetage en mer privé crée des incitations pour les passeurs.
Le «facteur d’attraction» est une invention des hommes politiques. Les gens sont en fuite de toute façon, que des navires de secours civils soient en route ou non. Selon les études réalisées, il existe bien d’autres facteurs d’émigration. Les gens fuient, par exemple, lorsqu’il n’y a pas de perspectives d’avenir dans leur propre pays. Ils le font tout en connaissant les dangers du voyage.

Selon vous, que devraient faire les gouvernements?
L’UE doit créer des voies d’évacuation sûres. Actuellement, il est impossible d’entrer en Europe légalement pour les personnes qui n’appartiennent pas à la classe supérieure. Cela devrait changer. Le sauvetage civil en mer doit également être dépénalisé. En outre, les États devraient lancer leurs propres programmes de sauvetage en mer. Dans l’idéal, nous ne devrions même pas avoir à le faire. Mais de cet idéal, nous sommes encore loin.

Comment la pandémie affecte-t-elle actuellement votre travail?
Notre première mission était initialement prévue pour Pâques. La pandémie a cependant retardé les travaux des chantiers navals. Tous les membres de l’équipage ont passé une semaine en quarantaine sur le continent après leur arrivée. Nous n’avons pu embarquer qu’après un test et la confirmation que les résultats étaient négatifs. Pour la première fois, nous coopérons avec le personnel de «Médecins sans frontières». Nous adhérons à un concept de protection strict pour empêcher la propagation à bord au cas où des personnes secourues auraient le Covid-19. (Traduction: Raphaël Zbinden, Cath.ch)

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