Un plat traditionnel aux vertus exceptionnelles
Il s’agit du Mbôl qui nous vient de la région de l’Est Cameroun
Consommé dans l’ensemble des quatre départements que comptent la Région, le Mbôl est incontestablement le mets roi de la Région du bois et des essences précieuses. L’opportunité de la tenue de la deuxième édition du festival Mbôl donne l’occasion d’en savoir un plus sur ce repas aux vertus particulières. Ainsi du jeudi 04 au samedi 05 Aout 2022 ; les habitants de Yaoundé se sont essayés à la consommation du fameux Mbôl avec des fortunes diverses. Le goût et la saveur ont réussi à mettre tout le monde d’accord.
Le Mbol est la star des mets à l’Est.
On peut s’amuser à définir le Mbôl comme une sorte de sauce très gluante dans laquelle viande, poissons fumés, crevettes, écrevisses, aubergines, boules de pistache pour ne citer que ceux-là, se disputent la vedette. Une floraison alléchante d’ingrédients, symbole de l’immensité des richesses naturelles dont regorge la Région la plus vaste et la plus riche du Cameroun. Le Mbôl incarne sans doute un art de vivre pour les populations de la région de l’Est. Il a réussi selon les différentes populations à dégager un ensemble de valeurs aussi bien sur le plan social que sur le plan de la santé communautaire. Pour Rolande AGONG ce mets possède des propriétés curatives « Le Mbol est un véritable médicament. Selon la recette, il sert à faciliter la montée laiteuse, l’accouchement chez une femme en travail, résoudre les problèmes de digestion tout comme ceux liés à la libido et j’en passe. C’est un mets aux recettes nombreuses qui s’enrichissent au fil du temps. » Ces origines restent très peu connues, et souvent liées aux premiers jours de la naissance même de nos sociétés.
Technique pour bien manger le Mbôl
Le Mbôl se mange avec les doigts. Le préférer à l’aide d’une cuillère est impossible. L’usage de la fourchette est considéré comme une sorte de profanation. C’est un sacrilège, comme le diraient certains. C’est un mets « familial », il se déguste donc généralement dans une ambiance bon enfant, chaleureuse où presque inévitablement, les langues domptées par l’intensité d’un piment savamment choisis. Accompagné de couscous de manioc de préférence même si certains dans le Haut-Nyong le préfère quelques fois avec du couscous de maïs ; déguster le Mbol est tout un art de manger. D’où intérêt qu’il suscite auprès des touristes. Lesquels profitent allègrement d’immortaliser cette manière qui reste encore une valeur conserver et protéger par nos peuples.
La cuisine patrimoniale est en voie de disparition
Toutes les choses les plus simples du monde sont en voie disparition et apparaissent aujourd’hui de plus en plus comme un luxe et parfois une curiosité pour ceux et celles mêmes qui sont supposés en transmettre les recettes et les secrets. Attitude curieuse et dangereuse à l’ère du rendez-vous mondial du donner et recevoir culturel et donc culinaire. Ce qui se passe est très inquiétant pour Rolande AGONG qui affirme que : « Notre identité culinaire, celle qui nous définit, a fini par être celle dont on a consciemment ou inconsciemment réussi à se défaire avec le temps, au profit d’une autre et même d’autres qui étaient des vices rendus justes. Pire, pour certaines, leurs spécialités culinaires sont finalement apparues « ringardes » et ne font pas le poids face aux recettes occidentales. On se délecte mieux d’un je ne sais quel plat occidental que d’un « Kôkô » ou d’un « Menkiehli meuh sang ». Le salut voir la résurrection passe incontestablement par une sorte de reconquête par le goût. C’est l’idée du festival Mbol qui propose le Mbôl ; ce patrimoine culinaire en milieu urbain pour faire découvrir les saveurs de l’Est au plus grand monde et d’en faire un point de rassemblement des peuples au-delà de l’identité culinaire et culturelle
Thierry EDJEGUE