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Quel avenir pour les chrétiens de Qaraqosh ?

Les chrétiens reviennent peu à peu à Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak. Mais leur avenir dans cette ville détruite en partie par les djihadistes de l’Etat islamique (EI) est plus incertain que jamais.

Georgis Tawfiq Abdallah me demande : « Vois-tu le chantier inachevé là-bas ? » J’acquiesce. Il explique : « L’Église a commencé à construire ces maisons début 2014 pour loger les réfugiés chrétiens en provenance d’autres régions d’Irak. Mais quelques mois plus tard, l’Etat islamique a occupé la contrée et nous avons dû fuir. »

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Avant d’être chassés de Qaraqosh, les djihadistes ont eu le temps de dévaster de nombreux quartiers qu’ils ont laissés en ruines.

Un havre de paix pour les persécutés

Autrefois Qaraqosh était la plus grande ville chrétienne d’Irak, avec environ 50 000 habitants. Nous nous trouvons sur le toit de la maison de Georgis, qui présente avec fierté ce qui a toujours été ville refuge pour les chrétiens persécutés. Il est vrai qu’aux XIe et XIIe siècles déjà, elle accordait sa protection aux chrétiens du centre de l’Irak. De même, après l’intervention américaine de 2003, de nombreux chrétiens ont fui hors des villes comme Bagdad ou Mossoul, où les attaques se multipliaient contre eux. Ils ont toujours été accueillis cordialement à Qaraqosh, comme le veut la tradition chrétienne qui règne là-bas. Tout s’est écroulé en août 2014, à l’arrivée des milices de l’Etat islamique qui ont instauré leur « califat ».

L’église de l’Immaculée-Conception à Qaraqosh (la plus grande d’Irak) a été profanée et vandalisée par l’EI.

Du jour au lendemain une ville fantôme

Déjà deux mois plus tôt, en juin 2014, l’Etat islamique investit la deuxième plus grande ville d’Irak, Mossoul, située à quelques kilomètres seulement de Qaraqosh. En août, la plaine de Ninive est presque intégralement sous la coupe des djihadistes, y compris Qaraqosh.

Georgis (deuxième depuis la gauche) avec des personnes de sa parenté en discussion avec la partenaire CSI Pascale Warda et Hélène Rey (à sa droite).

Des centaines de milliers de personnes doivent quitter précipitamment leurs maisons en laissant tout derrière elles. Georgis et toute sa famille suivent la quasi-totalité des 50 000 habitants de Qaraqosh qui s’enfuient. La plupart des réfugiés partent vers le Kurdistan irakien ou, pour ceux qui le peuvent, émigrent à l’étranger.

Les dégâts sont énormes

En octobre 2016, l’Etat islamique est chassé de Qaraqosh. Après vingt-six mois d’occupation islamiste, Qaraqosh présente une image de désolation : les infrastructures sont détruites et, selon des sources chrétiennes, près de 7000 maisons doivent être réparées et une centaine sont complètement détruites. Aucune des nombreuses églises de Qaraqosh n’a été épargnée et de nombreux bâtiments publics comme l’hôpital ou les écoles sont également endommagés.

Un médecin dans l’hôpital régional de Qaraqosh

La reconstruction n’avance que lentement et dépend largement de l’aide des Églises. Aucun effort de reconstruction n’est soutenu par le gouvernement. Pascale Warda, présidente de notre partenaire Hammurabi et ancienne ministre irakienne, le déplore : « Demander un soutien du gouvernement ne revient pas à quémander une faveur, il s’agit de notre droit en tant que citoyens irakiens. »

Déjà plus de 3000 familles sont de retour

Georgis raconte :

« Je suis d’abord revenu sans ma famille. Dieu soit loué, notre maison n’était pas trop endommagée, mais elle avait été intégralement pillée. Après avoir réparé les dégâts presque tout seul, dès que la maison a été à peu près habitable, même sans eau courante ni électricité, toute ma famille est rentrée à Qaraqosh. À Erbil, nous devions payer un loyer très élevé et nous n’avons donc pas eu d’autre choix que de revenir ici. »

Il regarde avec confiance vers l’avenir : « Dans ce quartier, nous sommes encore la première famille, mais tôt ou tard, les autres vont revenir. »

Georgis est très optimiste, mais il est vrai que selon des sources chrétiennes, 3000 familles chrétiennes sont déjà retournées à Qaraqosh et plusieurs commerces ont été rouverts.

Quel avenir ?

L’objectif de la communauté internationale reste la destruction de l’Etat islamique. Mais Bashar Warda, l’archéparque d’Erbil des Chaldéens (un diocèse de l’Église catholique chaldéenne), nous a mis en garde lors de notre visite : « Qu’est-ce qui va se passer par la suite ? Personne ne s’intéresse à cette question. » Ce qui inquiète le plus les chrétiens, ce sont les tensions actuelles entre le gouvernement central de Bagdad et le gouvernement régional kurde. Ce dernier a en effet organisé un vote d’autonomie kurde en septembre, contre la volonté de Bagdad. Les villes et villages chrétiens du nord de l’Irak sont tous situés dans cette région disputée. Il suffirait d’une étincelle pour que la guerre civile se déclenche.

Aide pour ceux qui reviennent

Solidarité Chrétienne Internationale soutient les familles qui rentrent chez elles après avoir été chassées de la plaine de Ninive par l’Etat islamique en août 2014. Ces familles reçoivent notamment des filtres à eau pour pouvoir disposer d’eau potable. En outre, nous distribuons des kits d’hygiène et de la nourriture pour les familles nécessiteuses qui retournent chez elles. La plupart de ces familles sont chrétiennes, mais des personnes issues d’autres minorités religieuses bénéficient également de notre aide.

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